Comprendre Tin Can API : ce que cela change pour le e-learning

Qu’est-ce que Tin Can API ?

 Tin Can API (ou Experience API, ou encore xAPI, selon que l’on utilise le nom donné par ses auteurs ou par leur mandant) est une norme récemment finalisée qui s’inscrit dans un dispositif destiné à remplacer SCORM. Comme sa prédécesseure, Tin Can API sert à suivre des activités de formation et à les transmettre à une plateforme de gestion de formation.

Pourquoi remplacer SCORM par Tin Can API ?

 Tin Can est né de la volonté d’ADL, déjà à l’origine de SCORM, de proposer une norme plus souple et adaptée à la multiplicité des “unités de formation” (comme SCORM 2.0 avait essayé de le faire auparavant). A l’inverse de SCORM qui nécessite une plateforme LMS centralisant l’ensemble des contenus de formations, Tin Can étend la notion d’apprentissage à n’importe quel contenu, où qu’il se trouve et quelque soit sa nature : une vidéo sur youtube, un entretien avec un collègue, la réalisation d’une tâche ou encore la lecture d’un article de blog comme celui-ci. Avec Tin Can, c’est donc la définition du mot “apprentissage” qui est revue pour s’adapter aux façons modernes de consommer de la connaissance.

Comment exploiter cette souplesse nouvelle ?

L’objectif d’une norme plus souple est de permettre le suivi d’activités plus riches et pas forcément linéaires. Les données enregistrées par SCORM sont relativement limitées, à savoir : “Cet utilisateur a parcouru 80% de la matière en 20 minutes” ou “Cet utilisateur a obtenu un score de 100% sur ce quiz”. La norme Tin Can donne une liberté bien plus grande dans la nature de ce qui est enregistré, par exemple : “Cet utilisateur a réalisé la tâche “contacter un client sous la supervision de cette autre personne”. Cette souplesse était attendue depuis longtemps dans le monde du e-learning et permet de remonter de manière bien plus complète des informations sur des actions de formation telles que des serious games, des formations blended ou des actions liées à des solutions gamifiées (obtention d’un badge, amélioration de son classement, interaction avec un autre utilisateur, utilisation d’un outil,…). Tin Can étend donc considérablement le champ de ce que qu’un responsable de formation peut superviser et intégrer dans son concept de développement de compétences. De plus, il est adapté à la formation multicanal (en salle, sur un ordinateur, sur un mobile…).

Tin Can schema

Source : Rustici Software, http://tincanapi.com/overview

Exemples de scénarios basés sur Tin Can API

 Assez de théorie, voyons pourquoi il y a lieu de se réjouir de l’arrivée de Tin Can. Voici deux exemples de scénarios de formation qui peuvent être “trackés” et supervisés par Tin Can :

Un programme d’accueil des nouveaux collaborateurs (induction program)

En permettant le suivi d’activités ne figurant pas sur la plate-forme de formation, Tin Can permet de suivre et valider un programme d’accueil incluant des éléments de natures diverses. Par exemple, on peut suivre l’activité d’un collaborateur et valider sa progression au sein d’un programme d’e-welcome constitué des éléments suivants :

  • Regarder une vidéo d’introduction présentant l’entreprise et ses valeurs
  • Lire un PDF de synthèse sur les activités de l’entreprise
  • Se faire introduire auprès de ses nouveaux collègues par son supérieur
  • Avoir un entretien avec les RH pour recevoir sa carte d’accès et des consignes administratives
  • Se former sur un module e-learning de type rapid-learning
  • Passer un quiz validant l’acquisition des connaissances-clés
  • Contacter un premier client

Tin Can permet de suivre la réalisation de toutes ces activités et ainsi de valider l’accomplissement de l’ensemble du programme d’accueil dans les délais impartis.

Un programme de formation avec libre choix des ressources

Contrairement au fonctionnement SCORM/LMS, Tin Can ne nécessite pas que les contenus aient été identifiés à l’avance comme faisant partie d’un programme de formation. Il est donc possible de concevoir des programmes basés sur l’acquisition de compétences définies plutôt que sur la consultation de contenus définis, en intégrant des ressources externes dans la formation (documents présents sur un intranet, ressources disponibles en ligne, etc).

On peut ainsi, par exemple, inscrire un collaborateur au programme “développement de compétences en matière de gestion de projet”. Ce programme propose des ressources, mais invite également le collaborateur à indiquer ce qu’il a fait de son côté pour développer cette compétence. Il peut ainsi indiquer un certificat acquis sur un MOOC, indiquer un blog sur le sujet qu’il suit régulièrement, un livre qu’il a lu. Toutes ces activités sont intégrées dans son parcours de formation et son superviseur a une vue d’ensemble rassemblant à la fois les modules e-learning utilisés et les autres démarches entreprises par le collaborateur pour se former.

On le voit donc, Tin Can ne met plus de limite à ce qu’est une unité de formation et permet d’englober tout ce qui est apprentissage. Cela offre aux responsables de formation la possibilité de concevoir des parcours d’apprentissage bien plus complets et intéressants, et d’enregistrer une bien plus grande part de ce que les collaborateurs entreprennent pour améliorer leurs connaissances et compétences.

Tin Can : API les inconvénients

La liberté apportée par Tin Can nécessite également plus de réflexion lors de la conception. Avec SCORM, les choses étaient simples : un contenu était soit un quiz (enregistrement d’un score), soit des écrans à lire et écouter (enregistrement du % d’écrans vus). Tin Can rajoute la nécessité pour le concepteur de la formation de définir la structure du programme, la hiérarchie de son contenu, quelles sont les informations pertinentes à enregistrer, etc. Il faut prévoir un peu de temps et d’expérimentation pour dompter ce nouveau langage. Cependant, la norme est encore jeune et il y a fort à parier que des outils et méthodologies apparaîtront progressivement pour aider les formateurs.

Je veux utiliser Tin Can API ! Par où débuter ?

 Vous l’aurez compris, Tin Can est le futur (et commence à être le présent) de SCORM. Le minimum vital pour l’utiliser est un contenu capable de communiquer en “langage” Tin Can et une plateforme capable de comprendre ce langage, comme un LMS le fait pour SCORM.

Tin Can - LMS/LRS

Source : Rustici Software, http://tincanapi.com/lrs-lms/lrs-for-lmss-home

Côté plateforme, Tin Can nécessite un LRS, pour “Learning Record Store”, soit un outil capable de comprendre cette norme. De plus en plus de LMS intègrent ce support ou y travaillent.

Côté contenu, les outils auteurs modernes ont eux aussi entrepris d’intégrer le support de Tin Can. Les produits d’Articulate sont ainsi capables de communiquer avec un LRS. Des outils existent également pour rendre compatible un contenu produit avec Adobe Captivate.
Cependant, le véritable apport de Tin Can réside dans la création de contenus (ou plutôt de parcours) sur mesure, intégrant des contenus de divers types et diverses sources. En d’autres termes on réfléchit d’abord au contenu et à un parcours de formation pertinent, puis on insère ensuite du tracking aux endroits clés du scénario. Une incitation claire à créer des modules aux scénarios innovants ! C’est une réelle libération pour les concepteurs de serious games et de formations aux scénarios originaux. De notre côté, nous n’avons pas hésité un seul instant à rejoindre les Tin Can adopters !

22 Commentaires sur “Comprendre Tin Can API : ce que cela change pour le e-learning

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